La Printanière marquait le début du Challenge Delhalle 2013. Les gentils organisateurs qui s’étaient entourés de 140 bénévoles pour assurer le bon déroulement de cette 25ème édition ne manquaient manifestement pas d’ambition, T-shirt vert anniversaire à l’appui. Il n’y eut finalement qu’au niveau de la dénomination de leur épreuve qu’ils se montrèrent trop présomptueux. Samedi à 14 heures 30, la température avoisinait les 5° C à Erpent et l’on avait oublié d’allumer la lumière : la campagne namuroise s’enveloppait de brume.
Oscar Wilde prétendait que tout devenait merveilleux dans la brume. Voilà peut-être ce que se dirent les quelque mille cent partants, dont 925 pour les 15,7 km de la Printanière et 172 pour la Mini-Printanière sur 5 km, qui se présentèrent sous les ordres d’un starter alignant ses troupes d’une voix de stentor : « Reculez ! Faites demi-tour et re-cu-lez ! Ne m’obligez pas à me fâcher ! »
Une fois lâchés, ces fantassins envahirent le quartier résidentiel de Géronsart, d’une foulée d’autant plus alerte que les deux premiers kilomètres se profilaient en descente sur du tarmac, puis ils parcoururent un sentier boisé agréablement praticable qui les menait au Bois Brûlé, à de premières flaques de boue et de premières tranchées.
C’est toutefois dans les Fonds de Dave et sur la nouvelle portion de parcours inaugurée en 2012 que mêmes les chaussures de trail ne garantissaient plus la moindre adhérence. Souvenez-vous de cet air de Gainsbourg interprété par Petula Clark et Jane Birkin :
Faudrait des bottes de caoutchouc
Pour patauger dans la gadoue
La gadoue, la gadoue, la gadoue
Hou la gadoue, la gadoue
Ces passages, délicats à négocier pour tout qui avait le centre de gravité à bonne hauteur et tenait à éviter le bain de boue improvisé, vous amenaient le long d’un ruisseau sur un sentier de plus en plus pentu qui se terminait par des escaliers escarpés dans lesquels le peloton progressait nécessairement au pas (ou pas du tout…), en file indienne. La tranchée dégorgeait sur une route que l’on empruntait vers Naninne, son église, son cimetière et son ravitaillement, avant d’aborder un nouveau passage boueux où il valait mieux de pas perdre une chaussure…
Une à une les gouttes d’eau
Nous dégoulinent dans le dos
Nous pataugeons dans la gadoue
La gadoue, la gadoue, la gadoue
Hou la gadoue, la gadoue
Après un répit d’environ deux kilomètres, l’on retrouvait le Bois Brûlé pour une dernière montée et de nouvelles parties de glisse qui se prolongèrent jusqu’à moins d’une centaine de mètres de la ligne d’arrivée.
La mode est aux trails et certaines manifestations rencontrent un tel succès que nombre de candidats participants s’y voient refuser l’inscription. Fallait-il pour autant sacrifier à la mode et introduire des portions aussi boueuses et une volée d’escaliers dans la Printanière ? La question faisait débat samedi. A l’arrivée, une joggeuse « Mystère » qui resta stoïque et immaculée de bout en bout (et de boue en boue), confia que lors de la découverte du parcours l’an dernier elle s’était promise que l’on ne l’y reprendrait plus. « Je me dis la même chose cette année-ci ! » Et pourtant ! Une autre joggeuse, Sylvie, disait avant le départ : « C’était catastrophique l’an dernier. Je suis revenue pour dompter ce parcours. » (Elle y réussit pleinement cette fois-ci.)
Selon le romancier brésilien Paulo Coehlo, « celui qui est capable de maîtriser son coeur est capable de conquérir le monde ». Y parvinrent assurément Adrien Montoisy qui survola cette Printanière à une moyenne de 17 km/h ainsi que Sabine Froment qui s’imposa chez les femmes mais aussi le valeureux Paul Defays, 84 ans, qui termina 921ème au scratch et 13ème Vétéran 4, en 2 h 45 min, précédé de quelques minutes par Josette Legrand, seule Ainée 4, d’une dizaine d’années toutefois sa cadette, et bien d’autres alchimistes qui, avec toute cette gadoue, transformèrent leurs soupirs en sourires.
Prochain rendez-vous du Challenge Delhalle le dimanche 3 mars 2013 pour le Cross de Bousval.
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