C’était à voir pour qui. Pour certains, c’étaient les quarantièmes, car quatre manquent au palmarès, et il en reste de valeureux grognards et parfois un peu grognons à les avoir toutes courues, toutes les éditions des 20 Km de Bruxelles. Cette édition fut spéciale : sold-out des semaines avant terme, environ 45.000 finishers à la course ou à la marche, et près de la moitié sous les deux heures. (Photo du départ : James)
Assistons-nous à l’apothéose de l’idéal du moi, comme en parle la philosophe Julia de Funès (oui, la petite fille de Louis, l’inoubliable Herr Kapellmeister de La Grande Vadrouille) dans son livre sur le Développement (im)personnel (dont une recension a été publiée sur le site apparenté à celui-ci ; cliquez ici pour la lire).
Réussir sa vie, écrit-elle, c’est trouver son topos au sein de l’univers. Les 20 km de Bruxelles, ça a toujours été une grande vadrouille – elle n’a donc cessé de grandir – et trouver son topos dans cet univers, c’est un combat avec l’Altérité, la sienne si l’on peut parler ainsi et les autres, quand cela ne devient proustien, à la recherche du temps perdu – et aujourd’hui de l’immédiateté et de la performance.
Les 20 Km de Bruxelles font-ils pour certains désormais partie de l’expansion du domaine du moi ? Julia de Funès cite Christopher Lasch (La culture du narcissisme) et s’en inquiète à juste titre : « Les réseaux sociaux favorisent un environnement relationnel dense, où les interactions sont nombreuses. Mais ces connections multiples n’encouragent pas tant l’attention à l’Autre que le souci du moi par rapport aux autres », ce qu’elle qualifie joliment de « narcissisme mondain ».
Le bonheur dans tout cela ? Dans L’Euphorie perpétuelle, Pascal Bruckner le compare à « une eau qui épouse diverses formes et qu’aucune forme n’épuise ». Il n’y a pas de recette prête à l’emploi, cela demande de l’effort dans la durée. Comme pour courir 20 km, en somme.
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