L’Ardennaise, « parcours de trail, ambiance de fête ».
Samedi, 1 heure du matin, Bertrix (à environ 24 km à vol d’oiseau de Louette-Saint-Pierre) : orage et pluie intense de grêle. En quelques minutes, les alentours se couvrirent d’un épais manteau blanc d’une trentaine de centimètres de grêlons, endommageant véhicules et habitations.
Samedi après-midi, Louette-Saint-Pierre : le temps s’était remis au beau et au chaud (près de 30° C). Les dissensions dont ce blog s’était fait l’écho et qui étaient apparues, lors de la précédente édition, au sein du comité organisateur de la « grande dame » de la saison de jogging en Belgique, avaient surmultiplié la volonté des membres du Jogging Club de Croix-Scaille d’assurer la pleine réussite de cette 32ème édition et de démontrer, fût-ce encore nécessaire, que personne n’est jamais indispensable.
Stéphane Henry et son fils Renaud s’étaient fait omniprésents sur les challenges de jogging de la région pour distribuer les invitations et sur Facebook pour ameuter la planète jogging. Jean-Noël Moreau, le « Luc Varenne » du jogging, officiait au micro avec toute sa gouaille, affublé pour l’occasion, à la Van Gogh, d’un chapeau de paille et d’une splendide chemise rouge chamarrée qui lui descendait sur les cuisses, tandis que sa charmante épouse et ses deux filles s’occupaient de l’intendance (accueil, distribution des T-shirts, ravitaillement à l’arrivée, etc.), avec le sourire et une efficacité exemplaire. Le Jogging-Club de Croix-Scaille s’appuyait aussi comme d’habitude sur la collaboration de l’administration communale et l’aide de nombreux bénévoles de Gedinne, l’entité namuroise de 4.455 habitants dont Louette-Saint-Pierre est une section depuis la fusion des communes de 1977.
A Bertrix, l’on eut recours aux bulldozers pour déblayer la chaussée et, au matin, de mêmes orages succédèrent à de premiers rayons du soleil et plongèrent Bruxelles et le Brabant Wallon dans une obscurité crépusculaire, le reste du pays vibrant au rythme des éclairs et des coups de tonnerre. Ces conditions atmosphériques et les prévisions apocalyptiques incitèrent de nombreux pré-inscrits et sans doute d’autres à s’abstenir, les deux courses (22,8 km et 8,5 km) réunissant finalement 844 partants sur les 936 inscrits (169 partants pour la mini-Ardennaise et 675 pour l’Ardennaise).
Alors, trail ou pas trail, et les orages de la nuit exerceraient-ils une influence sur les conditions de course ? A la définition cartésienne instituée par la Fédération française d’athlétisme et au débat sur l’opportunité de surfer sur la vogue et de qualifier l’Ardennaise de « trail » (voir l’article de ce blog sur le Trail des Crêtes de l’Eau Noire à Pesche), Nathanaël Jacqmin, ultra-traileur du Mont-Blanc et d’autres rondes célestes, ajouterait un critère « sinuosité », parcours roulant ou sentiers escarpés. Cynthia Arnould, traileuse de coeur et d’esprit, intégrerait, quant à elle, un poste « auto-suffisance » dans le bilan, sur base du nombre et de la régularité des ravitaillements.
L’Ardennaise, pleine d’émotions (n’est-ce pas Isabelle?) quel que soit le niveau où l’on court, reste une course 100% Challenge Delhalle, pure nature, sans besoin de franchir un gué ni, malgré le dénivelé, de s’accrocher à une cordée pour escalader un mur quelconque, bref une belle course, accessible à tout qui s’entraîne régulièrement sur des distances supérieures à 10 kilomètres et sur un relief qui ne soit pas exclusivement celui d’une piste d’athlétisme. Certes, la météo de la nuit avait jonché le parcours de quelques jolies flaques que de grands enfants traversèrent en faisant de grands splishs-splashs ainsi que de quelques tronçons boueux que des quinquagénaires fofolles dévalaient à qui mieux mieux. Mais, dans l’ensemble, il n’y avait pas de quoi se faire masser les malléoles, à moins, bien sûr, que ledit massage n’ait d’autres vertus.
Ce 27 juillet 2013 ne s’inscrivit toutefois pas que dans le registre baudelairien « ordre et beauté, luxe, calme et volupté ». Même le chronomètre s’affola et au beau milieu du génial et festif BBQ d’après-trail servi dans la cour du presbytère aux privilégiés du Cépal et de quelques clubs amis par un Prince George dominant magnifiquement son sujet, le vent se leva, décoiffant les arbres et poussant tout un chacun, un moment hébété par tant de soudaine violence, à se réfugier entre quatre murs avant que ne se déversent toutes les pluies du ciel, mettant prématurément fin à ce soir d’été d’où, comme le chantait Brel, montaient les feux et les points de silence qui vont s’élargissant tandis que la lune avance et le temps s’immobilise.
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Suivez Marathonien de coeur et d’esprit sur Twitter @Marathonience. Quelques sujets évoqués pendant la semaine écoulée : Ibiza : fantasy island – Philippe, Roi philosophe – 5 ways to avoid the Royal baby (turn off the BBC and opt for Chad, Mongolia or Sudan) – Dopage et palmarès du Tour de 1990 à 2000 : Energie Par Orval ? – Meet the female Borat – True entrepreneurs find worth in the worthless and possibility in the impossible – Tomorrowland : ni croix, ni voile, ni T-shirt Che Guevara !
Une Ardennaise 2013 inoubliable et très riche en émotions, merci pour tes récits……… A bientôt (et vive le Sport!)
Cher Thierry,
tes appréciations sur la course de l’Ardennaise sont encore plus justes. Ma sensibilité de lecteur assidu est très touchée par ce que tu nous partages au fil de nos participations aux épreuves où notre passion se confond. Continue à nous faire revivre ces moments forts par ta présence et ta plume!
A bientôt l’ami photographe, écrivain, joggeur et marathonien de coeur.