“Ras le bol ou paraboles” : bitzua et chutzpah (Jean Mossoux)

Jean Mossoux a l’art de promouvoir son livre Ras le bol ou paraboles auprès de publics des plus éclectiques : une classe d’intégration sociale dans une commune défavorisée, un centre musulman consacré à l’économie et à la culture d’affaires, un atelier de dirigeants d’entreprises, une banque d’affaires, le Cercle de Lorraine, l’Open University de l’ICHEC… Récemment, c’était à une assemblée de gens venus écouter comment organiser leurs affaires successorales et donc passablement incrédules qu’il prônait à une heure doublement tardive l’esprit d’entreprise. Quelles recettes contre le ras le bol ? Les paraboles !

Marathonien des idées, Jean Mossoux s’adresse dans Ras le bol ou paraboles à ceux qui entendent devenir les acteurs de leurs vies et se débarrasser des sans-gêne, des profiteurs et des arnaqueurs, bref à ceux qui ont l’ambition de réussir leur existence. Le livre remonte aux fondements de la civilisation occidentale, à la Bible et plus précisément à l’Evangile selon Matthieu. Ce dernier est percepteur des impôts. Parlant l’araméen et le grec, il lit aussi l’hébreu et est le plus cultivé des douze apôtres : c’est un homme de chiffres et de lettres.

Ras le bol ou paraboles parcourt, au hasard prétend l’auteur qui s’est entouré de spécialistes pour en faire l’exégèse, quinze paraboles, ces histoires incitant à la réflexion à partir d’exemples de la vie courante.

La première d’entre elles est celle des « Béatitudes » (« Heureux les pauvres… Heureux les doux… Heureux ceux qui ont faim et soif de justice… Heureux les miséricordieux… Heureux ceux qui ont un coeur pur… Heureux les artisans de paix… Heureux si l’on vous calomnie…). Le choix de ces affirmations paradoxales comme entrée en matière peut surprendre si l’on s’arrête au premier degré. Jean Mossoux y voit par contre un encouragement au changement, même si cela signifie d’affronter l’hostilité d’autrui. Il les interprète comme une feuille de route où l’accent est mis sur la modestie, sur la patience et sur l’engagement et où il est mis en garde contre les dominants, les prétentieux, les exploiteurs et leurs engeances.

La deuxième parabole avancée par Jean Mossoux pour guider ceux qui veulent devenir les acteurs de leur vie, le « Sel de la terre », paraît plus claire à cet égard, plus empreinte d’ambition et moins de « béat-attitude » (selon le jeu de mots de l’auteur) : « Soyez le sel de la terre… Soyez la lumière du monde… ». En d’autres termes, soyez conquérants et, à cet effet, selon les paraboles suivantes, n’ayez pas peur de dépasser le légalisme (respectez l’esprit de la loi plutôt que la lettre), de partager (donnez et il vous sera rendu), d’agir d’abord selon vos passions plutôt qu’en fonction de l’argent (« là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur ») et de profiter de l’existence (« à chaque jour suffit sa peine »).

Suivent dans Ras le bol ou paraboles d’autres conseils pratiques aiguisés à la sagesse millénaire et d’ailleurs souvent incorporés dans le langage commun sous forme de proverbes : la paille et la poutre (« ne jugez point afin de n’être point jugés »), la règle d’or (« tout ce que vous désirez que les autres vous fassent, faites-le vous-mêmes pour eux »), l’envoi en mission (« si l’on refuse de vous recevoir ou de vous entendre, sortez d’où vous vous trouvez et secouez la poussière de vos chaussures »), le bon grain et l’ivraie (« patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » selon Jean de La Fontaine), les cinq pains et deux poissons (traduite en langage d’aujourd’hui, cela signifie « agissez, n’attendez pas d’en avoir ou d’en savoir assez car sinon vous vous condamneriez à l’inaction »), porter sa croix (« si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce lui-même, qu’il porte sa croix et me suive », ou « lead, follow, or get out of the way » selon la version de Thomas Paine), la brebis perdue (Matthieu étant percepteur des impôts, il ne surprendra point qu’il parte à la recherche des brebis égarées), les chefs doivent servir (montrer l’exemple), ou encore, in fine, la parabole des talents (« à tout homme qui a <su se montrer travailleur et responsable>, l’on donnera »).

Jean Mossoux raconte, tout au début de son livre Ras le bol ou paraboles écrit dans un langage clair, parfois déroutant, “dé-rangeant” les idées, avoir assemblé, lors d’une partie de scrabble, le mot « bitzuist » comme mot compte triple. Bitzua, chutzpah, rosh gadol et autres expressions du même genre sont d’origine hébraïque. Elles traduisent un état d’esprit « getting things done », « can do », mêlé à de l’audace, des nerfs d’airain, un brin d’effronterie, l’absence de respect pour l’autorité formelle. Le « bitzuist » selon Jean Mossoux, c’est quelqu’un qui ose être lui-même à fond, qui ne s’empêtre pas dans un fatras de freins mentaux. L’auteur prédit que ce mot arrivera au grand galop dans la langue française tant c’est le type de personnalité dont l’Europe (la Belgique et la France en particulier!), a besoin.

Puisse cet optimiste avoir raison, la lueur surgir des ténèbres, l’esprit de création triompher de l’abrutissement! A défaut, c’est de l’oeuvre de Kafka qu’il nous faudra bientôt faire la recension et des moeurs expéditives de la République populaire démocratique de Corée et de son leader suprême Kim Jong-un qu’il nous faudra nous imprégner.

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1 Commentaire » pour “Ras le bol ou paraboles” : bitzua et chutzpah (Jean Mossoux)
  1. jean mx dit :

    Cher Thierry,

    Pas suffisamment curieux, je découvre ce soir ton message! Qu’en termes élégants tes opinions sont formulées. Merci. J’espère que tu as un beau programme M en perspective. Au plaisir. Jean.

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